Les surprises de Magalie Chap 7

Découverte

Toi, moi et l'autre

CHAPITRE 7

Ils dormirent près de deux heures et lorsqu’ils s’éveillèrent, ils étaient allongés face à face. Dans son sommeil Francis avait cherché inconsciemment un contact et posé une main sur la hanche de Magalie.

– Tu sembles toute chose, fit le garçon devant l’air un peu attristé de sa belle. Tu as fait un mauvais rêve ?

– Ce n’était pas un mauvais rêve. Je m’apprêtais à faire l’amour, sans doute à cause de ta main sur ma hanche, mais celui qui s’allongeait sur moi était à la fois toi et Jérôme. Vos deux visages alternaient ou se mélangeaient au-dessus de moi. En me réveillant je ne savais plus à qui j’étais en train de me donner !

– Il va nous falloir un certain temps pour reprendre pied, à l’un comme à l’autre, c’est sûr, mais l’expérience devrait être utile. Et je te rappelle que si Jérôme n’est pas à la hauteur…

– J’aurai toujours la ressource de venir me consoler dans tes bras, c’est vrai. J’aime Jérôme et il m’aime et j’espère bien que cet amour suffira à contrebalancer l’incroyable attirance qui a fait que je me suis livrée à toi sans retenue et sans remords. Et rien ne dit que ce que nous vivons en ce moment soit susceptible de durer. Le magnétisme qui nous jette l’un contre l’autre peut cesser lorsque nos sens auront été suffisamment et pleinement assouvis.

– J’espère qu’il n’en sera rien ! Tirer des plans sur la comète n’est pas mon fort, mais je ne crois pas que ce lien qui est né une nuit de bal, d’un seul regard, ne soit qu’un simple feu de paille capable de s’éteindre entre tes cuisses. Ce besoin d’union que j’éprouve, et que tu éprouves aussi, c’est plus qu’un violent désir sexuel, c’est une exigence de fusion. Je t’attendrai.

– Dans la plus stricte abstinence ?

– Pendant quelques jours, oui.

– Je vois. Le cœur sera peut-être fidèle un temps, mais le bas-ventre, lui, continuera à avoir ses exigences.

– Je ne suis qu’un pauvre homme avec ses faiblesses vis-à-vis des lilines en demande.

– C’est tout ce que tu apprécies chez une femme ? Son vagin ?

– Erreur, j’aime tout chez la femme, son vagin, bien sûr, mais aussi ses seins, toujours différents de l’une à l’autre, petits ou gros, pommelés ou en forme de poire, avec de grandes et brunes aréoles ou comme chez toi de minuscules cercles rosés autour des mamelons. J’aime aussi ses oreilles que je peux mordiller et qui semblent avoir une influence directe sur son entrejambe. J’aime sa chute de reins qui peut m’inspirer une vraie passion, ses jambes, ses yeux, son visage, le goût de sa langue quand elle se mêle à la mienne, ses mains qui savent souvent trouver les points sensibles de mon corps, sa peau, son odeur, ses cris de plaisir quand elle jouit, sa bouche quand c’est elle qui me fait jouir. Mais j’aime aussi en général sa voix, son esprit, son intelligence, sa diversité et que sais-je encore. Voilà en vrac tout ce qui fait que j’ai besoin d’elle, même si je ne suis pas un obsédé sexuel. Sauf peut-être depuis hier à l’heure du dîner. J’ai été bon ?

– Sublime ! Tu le dis avec une telle conviction que cela ressemble à une déclaration d’amour.

– C’est une déclaration d’amour ! Trop général ?

– Que non ! Et surtout ne change rien. Depuis hier je me conforte dans l’idée que le sexe ne peut être mauvais lorsqu’il communie comme le nôtre. Il est nécessaire à l’épanouissement et il libère le corps. L’orgasme ouvre l’esprit en satisfaisant le corps. Il n’est pas vice, mais vertu. J’envie celle qui aura la chance de partager ton amour.

– Mais tu ne seras pas celle-là !

– Mon corps t’aime, c’est indiscutable, mais pour le reste il est trop tard. Je me suis donnée à Jérôme. Tu ne veux pas changer de sujet ? Cette discussion me déprime.

– Tu as raison, nous gâchons un temps précieux que rien ne devrait devoir assombrir. On fait l’amour ou on va se baigner ? Si tu n’as pas de maillot il y en aura certainement un à ta taille dans une des chambres.

– Commençons par la plage. L’eau me libérera de cette tristesse qui dure depuis la fin de la sieste. L’amour n’en sera que meilleur après.

Le sable était toujours aussi vierge de présence humaine. Magalie n’avait enfilé que le bas du maillot trouvé dans une commode. Une fois au large, Francis avait bien glissé une main dans le slip de la jeune femme avec l’intention évidente de profiter de la portance de l’eau pour suggérer une introduction à la verticale, mais Magalie s’était refusée en le traitant de malade et en prenant la fuite dans un crawl rapide qui avait déclenché une poursuite et un long moment de rigolade ponctué par les cris stridents des mouettes de passage. Finalement ils s’étaient laissé porter sur le dos, main dans la main et la tête dans l’azur.

Après quoi, immobiles, allongés à flanc de dune et les pieds tournés vers l’océan, ils s’oublièrent dans un rêve béat qui faillit les plonger dans un nouvel épisode de sieste. Magalie émergea soudainement de cette somnolence en se remémorant une phrase prononcée par son amant et qu’elle n’avait pas relevée sur le moment :

– Tu m’as bien dit, je ne sais plus quand, que tu avais une relation amoureuse régulière ?

– C’est exact. Disons plutôt une relation sexuelle régulière.

– Je ne te comprends pas ! Comment cette relation peut-elle être parfaitement compatible avec ta proposition de vivre avec moi si je quitte Jérôme ?

– Je n’ai pas dit que c’était compatible. Simplement, depuis hier, dans ma vie il y a toi.

– Et l’autre ?

– L’autre s’appelle Maï. Pour utiliser le langage actuel, nous baisons depuis près de six ans, mais c’est physique et nous nous satisfaisons parfaitement d’une relation par épisode, même si elle est fréquente et chaque fois très intense. Pour différencier ma relation avec Maï de la nôtre, je dirais qu’elle est plus soft, que les emportements du début se sont adoucis, sans rien rejeter pourtant de la satisfaction sexuelle indispensable à chacune de nos retrouvailles. Une rupture ne serait un drame ni pour elle ni pour moi.

– Raconte. Tout. Depuis le premier jour.

– Eh ! Ça ne va pas ? Et moi ?

– Quoi, toi ?

– S’il te raconte sa vie il n’y aura pas d’orgasme ! Ce sera peut-être intéressant pour toi, intellectuellement, mais je vais m’enquiquiner !

– Il va falloir faire avec et écouter. Maintenant laisse-moi, il commence.

– …depuis le premier jour. Cela fait déjà six ans et pourtant c’est encore très proche dans ma tête, même si les images se chevauchent parfois un peu…

L’ambiance aidant, Francis se laissa entraîner vers ce passé bien vivace, malgré l’écoulement du temps. Les mains derrière la nuque il ferma les yeux et resta un long moment silencieux, cherchant à remettre dans l’ordre les images qui affluaient et c’est finalement avec un léger sourire qu’il en entreprit le récit en donnant parfois l’impression qu’il parlait de quelqu’un d’autre.

Notables dans leur région, ce qui était déjà le cas lors de sa découverte du corps féminin dans les bras de Judith, ses parents participaient régulièrement à des soirées ou des manifestations organisées dans le cadre de leur vie sociale. Par manque de goût pour ce type de réunion, Francis, qui mettait la dernière main à son activité de visiteur médical et avait, depuis un moment, classé dans ses souvenirs l’épisode de sa jeune initiation à la chair, n’accompagnait jamais ses géniteurs. Une fois, cependant, par curiosité peut-être et surtout par désœuvrement, il avait fait une exception et c’est cette exception qui avait débouché sur ce qu’il qualifiait de relation régulière.

Ce soir-là il avait fait la connaissance d’un personnage qui semblait aussi peu intéressé que lui par les motifs de ce rassemblement de notables et ils avaient sympathisé au point de se confier les grandes lignes de leurs existences. L’homme était dans les affaires par héritage et écrivain par vocation. Maintenant qu’il avançait dans la vie, il ne rêvait plus que de se consacrer à son art tout en profitant pleinement de sa vaste propriété et d’une fortune qui lui permettait de voyager à son gré. Dans cette propriété, dont il parlait avec chaleur, il vivait seul avec une gouvernante. Deux jours par semaine jardiniers et employées de maison s’occupaient de l’entretien du parc et de l’habitation et le reste du temps l’endroit était désert. Les rares fois où il était contraint de recevoir des invités, il faisait appel à des extras. Lorsque Francis avait fait sa connaissance, il lui arrivait encore fréquemment de s’absenter pour ses affaires et ces absences forcées, peu en accord avec son caractère, assombrissaient visiblement son propos. Tout à l’intérêt de leurs mutuelles confidences, les deux hommes n’avaient pas vu passer les heures et avaient été surpris de constater que les autres invités désertaient les lieux.

– Je crois que nous allons devoir nous séparer, Francis, avait regretté alors l’écrivain, mais je vous trouve trop sympathique pour qu’une relation, si bien entamée, soit interrompue de manière aussi brutale. Accepteriez-vous de venir passer quelques jours chez moi ? Les vacances arrivent pour tout le monde et vous devriez peut-être pouvoir vous libérer sans trop de difficultés de vos débuts d’obligations professionnelles.

– C’est justement parce que je suis, disons, encore plus ou moins disponible pour un temps, que j’ai accepté de suivre mes parents à cette réception, répondit Francis, tout de même surpris par cette invitation impromptue. Je ne voudrais pas avoir l’air d’abuser, mais ce que vous m’avez dit de votre domaine attise ma curiosité.

– Alors, c’est réglé. Vous ne vous ennuierez pas, je vous l’assure. Je dois me rendre en Italie pour mes affaires, mais si vous en êtes d’accord je vous attends lundi prochain à l’heure qui vous conviendra. Il fait si beau en ce moment et vous verrez, ce sera un enchantement.

– Vous proposez un dérivatif salutaire dans une période un peu déroutante de mon existence, comment vous remercier ?

– En acceptant sans arrière-pensée. À lundi prochain ?

– À lundi prochain. Et merci d’avance.

Les deux hommes s’étaient quittés sur ces derniers mots et le lundi suivant, comme convenu, Francis se présenta à la grille du domaine. De l’autre côté du rempart de fer forgé, le chemin faisait un angle et s’enfonçait dans une haute futée. La propriété semblait protégée des indiscrets par un mur de pierres et un épais rideau d’arbres.

Le jeune homme descendit de sa voiture pour sonner tout en se demandant si le maître des lieux n’avait pas oublié cette visite peut-être formulée un peu vite et bientôt regrettée. En réponse à son coup de sonnette le portail s’ouvrit sans bruit. Remontant dans son véhicule, il s’aventura dans l’allée maintenant accessible et roula une centaine de mètres avant de déboucher sur un spectacle qui l’incita à freiner pour mieux admirer le paysage offert à sa vue. Dans un site légèrement vallonné qui paraissait s’étendre à l’infini, une magnifique et vaste demeure renaissance trônait à mi-pente, entourée de massifs de fleurs. Partout des bosquets de feuillus frémissaient sous une brise qui diffusait des senteurs mélangées que Francis ne chercha pas à différencier, le regard soudain attiré par une silhouette féminine apparue sur le seuil de la maison, qui lui faisait de grands signes et qui lui semblait bien jeune pour être la gouvernante annoncée. Lorsqu’il stoppa devant l’entrée du bâtiment, la créature de rêve qui s’avança aussitôt vers la voiture était tout sourire et il fallut un moment au jeune homme avant de pouvoir s’extraire de l’habitacle, littéralement envoûté. Comme il ne disait mot, ce fut elle qui parla d’une voix chantante à l’accent indéfini, plus pour dire quelque chose d’ailleurs que pour vérifier une identité :

– Vous êtes bien Francis ?

– Oui, finit-il par articuler, enfin libéré.

– Jean vous prie de l’excuser de ne pouvoir vous accueillir lui-même. Il est retenu en Italie et vraisemblablement pour plusieurs jours. Des complications, m’a-t-il dit en me demandant de vous faire les honneurs de sa maison.

– Pardonnez ma surprise, mademoiselle, je m’attendais si peu à une apparition !

– Vous espériez quoi ? Une vieille dame ?

– J’avais imaginé d’un âge certain la gouvernante annoncée, chargée de ce domaine. De là à tomber sur Vénus en personne !

– Flatteur !

– Sincère, sans plus. Et subjugué au point d’en paraître stupide. Considérez cette attitude comme un hommage à votre beauté.

– J’accepte l’hommage. Maintenant, si vous voulez bien m’accompagner, je vais vous conduire à votre chambre pour y déposer vos affaires. Je prépare le déjeuner pour treize heures ce qui devrait nous laisser un peu de temps pour mieux faire connaissance.

– Jean étant absent, je ne voudrais surtout pas être une gêne pour vous.

– Jean n’est pas du genre à inviter un gêneur, faites-moi confiance, alors oubliez le protocole et ne m’appelez plus mademoiselle. Je suis Maï et vous êtes Francis. Maintenant, si vous voulez bien me suivre…

En marchant derrière la jeune femme, le long des couloirs, Francis sentit ses vingt-cinq ans friser l’affolement. Longue, souple comme une liane dans une robe fleurie, légère et courte, les hanches mobiles, sa longue chevelure d’un noir intense lui descendant jusqu’à la taille et qu’elle projetait en tous sens en bougeant la tête, elle progressait vivement tout en donnant des informations sur les lieux. Arrivée à la chambre qui était destinée à Francis elle l’abandonna en lui recommandant de s’habiller un minimum :

– Nous sommes seuls, Francis, et il fait chaud. J’aime être à mon aise et cela me sera difficile si vous ne l’êtes pas.

– N’ayez crainte, short de toile et chemisette devraient convenir. Lorsque les circonstances le permettent, je suis même plutôt adepte du nudisme.

– Nous devrions bien nous entendre. À tout de suite.

– À tout de suite, belle Maï.

Il ne fallut pas longtemps à Francis pour se vêtir comme il l’avait annoncé. Il était impatient de se retrouver en présence de cette jeune femme au corps splendide dont la vue éveillait des désirs qu’il n’avait aucune envie de cacher.

Avant la fin du repas, il savait l’essentiel du passé de Maï. Elle était eurasienne, née de mère vietnamienne et de père français, et comme la plupart de ces filles issues d’unions entre l’Europe et l’Asie, elle possédait un charme et une élégance sans pareils. Elle avait vécu dans différentes régions d’Asie jusqu’à ce que ses parents meurent dans un accident alors qu’elle venait d’avoir dix-huit ans. Elle s’était réfugiée au Viêt-Nam, chez une sœur de sa mère avec qui elle avait eu très vite quelques difficultés relationnelles. Elle s’apprêtait justement à la quitter lorsque Jean, de passage pour ses affaires, avait annoncé sa visite. Jean était un grand ami de ses parents et elle le connaissait depuis toujours. Dès l’instant où il avait appris l’existence des problèmes avec sa tante il lui avait proposé de le suivre en France. Elle avait accepté sans hésitation. L’idée de vivre dans le pays où était né son père et dont il parlait toujours avec beaucoup de nostalgie lui avait donné l’impression de le faire revivre un peu.

Depuis quatre ans elle vivait ainsi avec ce titre officiel et usurpé de gouvernante, mais avec les attributions réelles de fille de la maison et s’il lui arrivait encore de regretter son Viêt-Nam natal c’était surtout parce que le souvenir de sa mère et d’une partie de son enfance s’y rattachait. Pour le reste, ici, il n’y avait pas de conflit plus ou moins latent et l’existence était douce. Elle n’éprouvait aucun besoin de contact avec le monde extérieur et la vie assez solitaire de Jean lui convenait à merveille. Elle aimait le grand air, la nature, les fleurs, les arbres, les oiseaux, et le domaine répondait à ses aspirations.

Son récit terminé elle avoua à Francis avoir été contrariée par la décision de Jean d’ouvrir la propriété à un étranger.

– Même sympathique à Jean, je me répétais que vous alliez bousculer ma quiétude et me gâcher la vie. Et puis, je devais aussi avoir un peu peur de cet inconnu qui s’apprêtait à franchir le rempart dont je m’étais entourée depuis la mort de mes parents.

– Et maintenant ?

– Je ne regrette pas mon silence. Si j’avais protesté Jean aurait sans doute annulé votre visite et je ne serai pas assise en face de vous. Je vous ai trouvé particulièrement sympathique au premier regard.

– Là, c’est vous qui me flattez !

– Je dis toujours ce que je pense.

Le repas avait été un enchantement. Maï n’avait visiblement aucune entrave sous sa robe à fleurs et chaque frottement du tissu déclenchait une érection des tétons qui saillaient aussitôt et semblaient n’avoir d’autre but que de provoquer le jeune homme. Parler et se nourrir n’avait pu étouffer chez lui une intense activité sous la ceinture et lorsqu’il fallut se lever, pour faire la vaisselle, comme il le proposa, il eut quelques difficultés à cacher son état. Si toutefois il y parvint.

La vaisselle fut expédiée en un tour de main.

– Habituellement, par ce beau temps, je me livre aux joies du bain de soleil. Vous êtes de la partie ? Il y a tout ce qu’il faut autour de la piscine, à l’arrière de la maison : balancelle, chaises longues, parasols et gazon.

– Mon maillot de bain est dans ma valise.

– Pour se baigner c’est mieux que le short et ici il n’est pas indispensable d’en porter.

– Alors je vais me changer, fit le garçon qui n’osait trop comprendre.

Il n’eut besoin que de quelques minutes pour aller enfiler ledit maillot de bain et se retrouver sur la pelouse près de la piscine. Maï n’était pas là et il s’allongea sur le ventre dans l’herbe tendre, la tête à l’ombre d’un parasol.

C’est presque par instinct qu’il se retourna sur le dos au bout d’un moment avec la vague sensation d’être observé. Aucun bruit ne l’avait alerté. Debout à quelques mètres, nue, magnifique, Maï le contemplait. En authentique eurasienne elle avait la peau mate et son corps élancé était exempt de toute trace laissée par un quelconque maillot. Les seins, plutôt menus, ronds et fermes, étaient plantés haut avec de larges aréoles brunes et des tétons sombres et arrogants, dressés vers le ciel. Les longues jambes fines, légèrement écartées, laissaient entr’apercevoir, à la base du triangle de jais du pubis, entre deux renflements, la balafre délicate abritant le nid d’amour.

Contrairement à l’apparente impudeur de son corps, vaguement voilés par les longs cheveux, les yeux de chatte de la jeune femme se teintaient d’une certaine gêne qu’elle traduisit très vite en mots qui s’entrechoquèrent quelque peu :

– Je ne voudrais pas être nue toute seule !

Ébloui par le spectacle, Francis ne réagit pas immédiatement et Maï cru sans doute à une certaine pudeur du garçon car elle ajouta aussitôt :

– Je sais ce que tu ressens en me regardant. Je l’ai vu, tout à l’heure, lorsque tu t’es levé de table. La bosse dans ton short ne cachait rien de ton désir. Je te choque ?

– Je ne suis ni timide, ni choqué, mais ébloui. Pendant tout le repas j’ai laissé mon imagination errer sur les trésors que devait cacher le mince tissu de ta robe et les voilà qui se dévoilent, ce qui n’est pas fait pour rendre mon désir moins violent ! Si je retire mon slip…

– Si tu ne l’enlèves pas c’est moi qui vais devoir en mettre un !

– Soit.

Sans se lever Francis se cabra et fit glisser le maillot de bain, libérant son sexe qui sembla prendre du volume en trouvant de l’espace. Maï parut subjuguée. Immobile, elle contempla la chose qui pulsait contre le ventre du garçon qui déclara :

– Je t’avais prévenue !

– Qu’il est beau et vigoureux ! Je n’avais qu’une vague idée de la force qui s’en dégage quand il montre son désir. C’est moi qui lui fais cet effet ?

– Il était déjà dans tous ses états tandis que tu portais encore ta robe. Alors maintenant !

– Le seul homme que j’ai vu s’exprimer de cette façon m’a fait fuir. Je devais avoir dix-sept ans. Je ne sais pas pourquoi, mais au lieu de me dérober j’ai maintenant envie de m’empaler sur ce membre qui m’attire comme un aimant.

– Tu veux dire que tu es…

– Vierge. Oui, je suis vierge et depuis un instant, follement désireuse de ne plus l’être ! C’est venu comme ça, dès que j’ai vu la bosse dans ton short. Pourquoi toi et pourquoi aujourd’hui ? Je ne sais pas et je m’en fiche ! Je ne devrais pas dire tout ça, mais c’est plus fort que moi, j’ai besoin de te montrer que le désir n’est pas seulement de ton côté et qu’entre mes cuisses quelque chose est en train de se passer dont je n’avais pas idée avant ton arrivée.

– Jamais, vraiment ?

– Jamais ! Pas envie ou pas l’occasion, je n’en sais trop rien. En tout cas, méfiante, et ça n’est pas arrivé et maintenant, ce pénis palpitant, j’ai besoin de le sentir au fond de moi.

Incapable de résister plus longtemps à cet appel, Francis fit le geste de se lever pour prendre Maï dans ses bras, mais elle l’en dissuada d’un mot :

– Reste.

– Pas tout de suite ?

– Oh si ! Mais pour la première fois, comme j’ai tout de même un peu peur de cette grosse chose qui va me pénétrer, je voudrais que ce soit moi qui décide de l’instant. Tu veux bien ?

– Je veux tout ce que tu veux, mais il faut préparer la place sinon la pénétration risque d’être plus douloureuse que la rupture de l’hymen.

– La place, comme tu dis, était prête bien avant le début de cette conversation et je mouille copieusement.

Le jeune homme tendit les bras et Maï s’avança jusqu’à le surplomber, un pied nu de chaque côté, au contact de ses hanches. Dans cette position, elle livrait de son intimité une vision qui occasionna un afflux supplémentaire de sang dans la verge, provoquant un sursaut du bassin comme si celui-ci cherchait à réduire la distance le séparant du fourreau dans lequel il brûlait de s’engloutir. Ce fut encore pire lorsque la jeune femme plia les genoux pour se positionner sur le ventre mâle, les lèvres d’amour, un instant ouvertes sur des délices cachés, venant se poser sur le pénis et le plaquant sous elles.

Alors, tendue, le regard rivé à celui de Francis, Maï se souleva, séparant son sexe de la verge que dans le même mouvement elle saisit entre deux doigts pour la redresser et en maintenir la tête à l’entrée de son puits de volupté. De son autre main elle écarta les lèvres de sa vulve et descendit jusqu’à sentir le gland, entré en elle, exercer une légère pression sur l’hymen.

– Voilà, souffla-t-elle.

Elle s’immobilisa un instant, les yeux dans ceux de Francis, et c’est avec un sourire qu’elle se laissa tomber, s’empalant totalement sur le dard avec juste un petit cri de douleur qui trouva un écho de satisfaction chez le garçon. Elle s’immobilisa à nouveau, jusqu’à éliminer toute notion de douleur, puis se plia en avant pour poser sa bouche sur celle de l’homme qui était devenu son amant et qu’elle embrassa fougueusement, leurs têtes disparaissant sous les volutes de la chevelure de jais. Sans quitter les lèvres de Francis elle commença à décoller son ventre du ventre mâle, doucement, comme si elle craignait que la souffrance de la rupture de son hymen ne réapparaisse. Puis elle reprit entièrement possession du pénis et, consciente que seul le plaisir jaillirait désormais de l’union de son sexe avec celui de cet homme, elle entama un lent va-et-vient qui les maintint en haleine jusqu’à ce qu’incapable de résister plus longtemps elle hurla son plaisir à tous les échos, aussitôt rejointe par son compagnon de jouissance qui crachait sa semence au plus profond du vagin, les mains agrippées aux fesses de la belle, durcies par cette tension voluptueuse qu’elle découvrait enfin.

Haletante, vidée, Maï s’affala sur Francis, le visage enfoui au creux de son épaule, les seins toujours raidis incrustés dans la poitrine du jeune homme.

– Que c’est bon ! parvint-elle à articuler, les lèvres collées à la peau moite de son amant. Je suis heureuse de t’avoir attendu pour le découvrir.

Ne sachant quoi répondre, Francis, dont les mains étaient toujours crispées sur les fesses de sa partenaire, les détacha pour entourer de ses bras le torse écrasé sur lui et faire rouler les corps de manière à se retrouver en position dominante, toujours enfoncé profondément et aussi impatient dans le nid d’amour qui venait de lui offrir son innocence. Il se savait prêt à engager, sans attendre, un nouveau duel. La jeune femme, de son côté, goûtait sans contestation possible la présence du membre si voluptueusement accueilli et qui paraissait ne rien vouloir abandonner de son tonus malgré la semence répandue. Pour bien afficher son attente elle enserra les hanches du garçon entre ses cuisses, les talons appuyés sur ses reins afin de mieux le garder prisonnier dans son ventre.

Francis se souleva légèrement et glissa une main en coque entre leurs poitrines. Il emprisonna un sein tandis que ses lèvres glissaient vers le téton encore libre qu’il embrassa délicatement avant de le taquiner de la langue, le forçant à retrouver la rigidité remarquée lorsque Maï se dressait, nue, devant lui. S’ils n’étaient pas volumineux, les seins étaient fermes et réactifs. Sous sa langue et dans la paume de sa main il les sentit très vite exprimer leur besoin de caresses. Alors il les lécha goulûment, de la base vers les mamelons, les poussant à se dresser encore plus. Il en suça les pointes, les mordilla, les embrassa, jusqu’à sentir que leurs réactions se répercutaient dans tout le corps et plus particulièrement dans le vagin qui ne fut bientôt plus qu’une succession ininterrompue de spasmes dont la fréquence et l’intensité agirent sur la verge. Chaque contraction qui pressait le membre en effervescence était accompagnée par des soubresauts de tout le corps et des bruits de gorge. Maï était incapable de les retenir et Francis les percevait comme une excitation supplémentaire. Le vagin se contractait, le ventre de la jeune femme se jetait en avant et de sa bouche émanaient des râles prolongés tandis que la verge du garçon était pressée dans son fourreau et que son ventre, à son tour, se propulsait en avant dans un réflexe. N’y tenant plus le jeune homme se mit à donner des coups de boutoirs de plus en plus violents, de plus en plus rapides, de plus en plus exigeants entre les cuisses de Maï dont le corps fut bientôt emporté, sans pouvoir s’y soustraire, dans une danse frénétique. Elle cria longtemps et sans retenue lorsque l’orgasme déferla par vagues successives, intenses, brutales, qui la laissèrent sans souffle, jambes étendues ouvertes et bras en croix.

Francis se retira du ventre brûlant, le sexe souillé d’un peu de sang. Il s’allongea aux côtés de la jeune femme, le cœur battant la chamade et cherchant, lui aussi, à reprendre son souffle. Il eut besoin de quelques minutes avant de pouvoir parler :

– Si ce que tu éprouves est aussi puissant que ce que tu exprimes, ce doit être réellement prodigieux !

– Je fais beaucoup de bruit ? J’ai l’orgasme sonore ?

– C’est le moins que l’on puisse dire !

– Ce n’est pas normal ?

– Je n’ai en tout cas jamais provoqué de tels éclats chez mes partenaires.

– C’est peut-être parce que tu ne les as jamais fait jouir aussi fort.

– Je crois plutôt que ça vient de toi. Tu te donnes sans retenue et tu jouis de même. C’est peut-être aussi parce que c’est la première fois.

– Les prochains orgasmes risquent de ne pas être aussi forts ?

– Je n’ai pas dit ça. Ce besoin de clamer ton plaisir sera toujours là, mais tu l’exprimeras peut-être moins avec ta voix et plus encore avec ta chair.

– Je veux que tu restes mon instructeur ! Apprends-moi à crier moins fort, mais à jouir encore davantage.

– Je ne sais pas si ça s’apprend vraiment.

– Je m’exprime mal. Fais-moi jouir le plus fort et le plus souvent possible et pour le bruit on verra ce que le temps décidera. Tout compte fait, je me fiche de hurler ou pas du moment que l’orgasme que tu déclenches ne laisse place à rien d’autre.

– Voilà un programme qui n’est pas fait pour me déplaire ! On commence quand ?

– J’ai tellement envie de remettre ça tout de suite que j’ai l’impression de ne pas être normale ! Je devrais être épuisée après ces deux assauts et pourtant je n’ai envie que d’une chose : t’accueillir à nouveau entre mes cuisses ! Mais je vais quand même faire ce que ma grand-mère faisait à ses poules quand elles étaient en chaleur, je vais me tremper le cul dans l’eau froide. Tu devrais en faire autant. Si j’en juge par l’aspect de ta verge, elle va en avoir besoin ! Elle ne débande jamais ?

– Depuis qu’elle a été en contact avec les muqueuses intimes d’une certaine vierge, il semble qu’elle n’ait d’autre désir que de s’y replonger.

– Je n’avais pas vraiment besoin d’un dessin ! L’eau froide nous fera du bien à tous les deux.

Maï se leva et, sans attendre Francis, se dirigea vers un petit bassin équipé d’une douchette, qui jouxtait la piscine, en principe destiné à se rincer les pieds avant de plonger. Elle s’assit sur le bord, écarta les cuisses et, d’un geste vif, projeta l’eau froide dans son entrejambe, provoquant frissons et chair de poule sur tout son corps. Puis, la douchette en main, elle en dirigea le jet dans son vagin dont elle avait préalablement écarté les grandes lèvres. Comme Francis s’était approché pour admirer le travail, son dard pointant orgueilleusement, elle l’aspergea par surprise. Il se recula en protestant, mais le froid agit vite et l’orgueilleux se dégonfla.

– Te voilà devenu moins dangereux, se moqua gentiment la jeune femme. Nous allons pouvoir nager quelques instants sans nous jeter l’un sur l’autre.

Ils étaient bons nageurs tous les deux et ils firent rapidement quelques longueurs de bassin avant de s’asseoir sur les marches, de l’eau jusqu’au cou.

– Tu me fais visiter le domaine ? proposa le jeune homme. À moins que tu ne préfères me laisser poursuivre la visite de ton corps.

– Je te fais visiter le domaine. Maintenant que l’eau froide a ralenti les ardeurs de nos bas-ventres, autant utiliser utilement nos énergies. Et puis rien ne dit qu’en cours de route…

– On enfile nos maillots ?

– Pourquoi faire ? Tu ne nous aimes pas comme ça ?

– Il y a que je ne suis pas certain de ne pas chercher à te violer en cours de route, au vu et au su d’éventuels voyeurs.

– Il n’y a pas de voyeurs et il faut aussi que tu m’attrapes, pour me violer !

Ce disant Maï posa un rapide baiser sur les lèvres de son amant avant de bondir sur ses pieds et de se lancer en direction d’un bosquet d’arbres un peu isolé au milieu du terrain.